Storytelling et visualisation : quand une image vaut mille mots

Une bonne histoire ne se contente pas de raconter. Elle fait voir, ressentir et vivre. Grâce à la visualisation, le storytelling devient un levier redoutable pour marquer les esprits. Mais pourquoi certaines images mentales restent-elles ancrées pendant des années ? Et comment en tirer parti dans vos communications ?

Harry Potter : une petite leçon de storytelling

Quand j’étais enfant, j’étais une grande fan d’Harry Potter. À l’époque, seuls les quatre premiers livres étaient disponibles, et aucun film n’était encore sorti (ça ne me rajeunit pas). Je les dévorais encore et encore, en boucle.

À force de les relire, quelque chose de quasi magique s’est produit : un véritable film s’est créé dans ma tête. Je voyais chaque scène, chaque personnage, chaque décor avec une précision presque cinématographique. Et pourtant, tout venait uniquement des mots écrits sur les pages.

Alors, quand le premier film est enfin sorti, j’étais évidemment la première dans la file pour le voir. J’ai adoré, mais quelque chose clochait… Mon cerveau avait du mal à concilier les images que j’avais créées mentalement avec celles projetées à l’écran. Et le choc le plus marquant ? La tête de Dobby. Rien à voir avec la version que j’avais imaginée. Il était tellement moche ! Impossible de m’y faire…

Harry Potter Dobby Storytelling Visualisation

Cette expérience, aussi personnelle soit-elle, illustre un phénomène universel et fondamental : la visualisation est au cœur de l’impact d’un bon storytelling.

Pourquoi la visualisation est-elle si puissante ?

La visualisation, c’est la capacité de notre cerveau à transformer des mots en images. Quand une histoire est bien racontée, elle active des zones sensorielles dans notre cerveau, presque comme si on vivait réellement l’expérience.

C’est ce qui fait que :

·      On se souvient d’un bon livre pendant des années ;

·      Une publicité nous reste en tête longtemps après l’avoir vue ;

·      Un discours nous touche profondément.

Les neurosciences l’ont prouvé : notre cerveau ne fait parfois pas la différence entre ce qu’on imagine et ce qu’on vit réellement. C’est pourquoi la visualisation rend une histoire plus immersive, plus vivante et, surtout, plus mémorable.

Visualiser = mieux mémoriser

Le cerveau humain adore les images. Des recherches en neurosciences et en psychologie cognitive suggèrent que nous retenons beaucoup plus facilement une information lorsqu’elle est accompagnée d’une image pertinente. Selon le Dr. John Medina, la mémorisation d’un contenu visuel peut atteindre jusqu’à 65 % trois jours après l’exposition, contre 10 % pour une information uniquement verbale.

Alors, quand une histoire parvient à générer une image mentale forte, elle augmente considérablement nos chances de mémorisation.

C’est pourquoi les meilleurs raconteurs d’histoires, qu’ils soient auteurs, orateurs, politiciens ou enseignants, utilisent consciemment des descriptions riches, des métaphores évocatrices et des détails sensoriels pour nourrir l’imaginaire de leur audience.

Comment intégrer la visualisation dans vos propres histoires ?

Pas besoin d’être J.K. Rowling (et svp, ce n’est pas un bon moment pour être J.K. Rowling… 😅) pour créer des images puissantes dans l’esprit de vos lecteurs. Voici quelques pistes concrètes pour stimuler la visualisation :

1. Utilisez des détails sensoriels

Décrivez ce que vous voyez, entendez, sentez, touchez, goûtez. Plus vous activez les sens, plus la scène devient vivante.

Exemple : « Il entra dans la pièce sombre, l’odeur du vieux cuir flottait dans l’air. Seul le tic-tac d’une horloge murale brisait le silence pesant. »

2. Faites appel à des métaphores visuelles

Les comparaisons et images marquantes sont des raccourcis puissants pour générer des images mentales.

Exemple : « Ses mots étaient comme des flèches, chaque phrase le blessait avec précision. »

3. Racontez des scènes concrètes plutôt que des idées abstraites

Les concepts vagues laissent peu de traces. Une scène bien décrite marque davantage.

Abstrait : « Il était très stressé. »

Concret : « Ses mains tremblaient légèrement et une fine goutte de sueur coulait le long de sa tempe. »

Ce qu’il faut retenir

Le storytelling efficace passe entre autres par la visualisation : faites voir grâce à la magie des mots. Une bonne image mentale peut s’ancrer dans la mémoire pendant des années. Stimulez l’imaginaire de votre audience avec des descriptions sensorielles, des scènes concrètes et des métaphores.

Et surtout, gardez en tête ceci : on oublie les mots, mais on se souvient des images qu’ils nous ont fait voir dans notre tête.

FAQ — Visualisation et storytelling

Pourquoi la visualisation est-elle si efficace en storytelling ?

Parce qu’elle active les zones du cerveau liées aux sens, rendant l’expérience plus vivante et plus mémorable.

Faut-il être un bon écrivain pour utiliser la visualisation ?

Pas du tout (même si, on va pas se mentir, ça aide) ! Il suffit de penser en images et de transmettre les sensations avec des mots simples. Pour vous aider, je vous recommande de vous procurer le Thésaurus des émotions : un ouvrage hyper complet qui renseigne sur le vocabulaire associé à des émotions précises. Une vraie mine d’or !  

Peut-on utiliser cette technique en dehors de l’écriture ?

Oui, absolument. En présentation orale, en communication marketing, en pitch commercial… partout où vous voulez captiver.

Pour aller plus loin…

How your brain responds to stories – TedX Talk

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Une leçon de storytelling… via l’au-delà!