Une leçon de storytelling… via l’au-delà!

Ma mère occupe un métier plutôt inusité : infirmière en soin palliatif. À la maison, ce n’est pas rare qu’on parle de fin de vie, de décès et d’aide médicale à mourir autour d’un bon souper.

Ça peut sembler étrange, peut-être, mais je trouve que c’est une chance énorme. Ces discussions m’aident à avoir une vision plus sereine de la mort, comme quelque chose de presque beau faisant partie du cycle naturel de la vie.

L’histoire de sa passion pour les soins palliatifs (car oui, c’est une passion !) a commencé d’une drôle de manière : lors de la fin de vie de ma grand-mère Gaétane, sa propre mère. À son chevet tous les jours pendant les deux derniers mois de sa vie, elle a réalisé qu’elle souhaitait se réorienter et accompagner la fin de vie au quotidien, elle qui travaillait jusque-là en hébergement pour personnes âgées.

Ma grand-mère a souffert d’un lourd cancer de l’estomac. Après 3 ans de combat, elle avait émis le souhait de terminer ses jours à la Maison Michel-Sarrazin, un lieu qui accueille les patients atteints de cancer en phase terminale. Elle a aussi fréquenté quelques fois le centre de jour de la Maison, qui permet aux malades de se rassembler et d’échanger entre eux afin de trouver du réconfort et de prévenir l’isolement.

Quelques jours avant son décès, une chambre s’est libérée pour elle à la Maison Michel-Sarrazin. Malheureusement, son état s’était trop dégradé pour qu’on puisse la déplacer. Elle a donc terminé ses jours à l’hôpital.

Une nouvelle collaboration storytelling

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que le mois dernier, la Fondation pour la Maison Michel-Sarrazin m’a contacté pour collaborer sur une campagne de sensibilisation.

Ils cherchaient une rédactrice spécialisée en storytelling, et quelqu’un, je ne sais pas qui (vive le bouche-à-oreille) leur a recommandé de travailler avec moi. Honnêtement, quand j’ai reçu le courriel, ma mâchoire s’est presque décrochée. Non mais, c’est quoi les chances ?

J’ai regardé le ciel, les larmes aux yeux, et j’ai murmuré : « merci pour le cadeau, grand-maman ».

Je me sens choyée d’avoir la confiance de la Fondation pour mettre en lumière les histoires uniques, belles et vulnérables, des gens qui sont passés, de près ou de loin, par la Maison.

C’est quoi, le storytelling ?

Le storytelling, c’est l’art de raconter des histoires. Raconter une histoire est en effet l’une des meilleures façons d’accrocher les lecteurs. Sais-tu pourquoi ? Parce que le cerveau humain est paresseux, et que les histoires lui demandent moins d’effort mental à comprendre.

C’est pas pour rien que, depuis la nuit des temps (mon prof de français du secondaire ne serait pas fier que j’utilise cette expression), l’humain transmet son savoir par les histoires : mythes, contes, anecdotes. Ce mode narratif précède l’écriture dans toutes les cultures.

👉 C’est parce que le cerveau reconnaît immédiatement la structure familière de l’histoire (début — milieu — fin), ce qui réduit la charge cognitive : on n’a pas à décoder une nouvelle logique.

Contrairement aux données brutes ou aux arguments abstraits, les histoires :

  • activent le cortex sensoriel (on imagine la scène);

  • stimulent le système limbique (on ressent les émotions);

  • engagent même les zones liées à l’action, comme si on vivait la scène.

Le cerveau vit l’histoire plutôt que de la lire froidement.

Le storytelling en fait, c’est exactement ce que je viens de faire avec l’histoire que je t’ai racontée sur ma mère, ma grand-mère et la Maison Michel-Sarrazin. Est-ce que ça aurait eu le même impact si je t’avais simplement dit « Très heureuse de cette nouvelle collaboration avec la Maison Michel-Sarrazin, une cause qui me tient particulièrement à cœur ! » Non, évidemment.

Le fait de vivre l’histoire avec moi, ça t’a gardé accroché·e, tout en te permettant de comprendre pourquoi ce mandat est aussi important pour moi. À travers cette anecdote, tu as pu saisir l’émotion derrière la collaboration. C’est ça, toute la puissance du storytelling !

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